Le mouvement futuriste italien précurseur de la musique bruitiste

Le mouvement futuriste est un mouvement artistique italien est né autour du peintre Filippo Tommaso Marinetti, suite à la parution du manifeste du futurisme le 5 février 1909 dans la Gazzetta dell’Emilia de Bologne. Il est repris dans d’autres journaux italiens puis est publié en France, le 20 février 1909, dans le figaro, à Paris, lui donnant une dimension internationale.

Ce manifeste pose les bases du mouvement futuriste et prône la représentation de la vitesse et des mouvements dans les œuvres, avec une attention particulière dans la représentation de la beauté des villes et de tout produits et machines issues de l’industrie. Il prône la modernité en glorifiant les éléments urbains.

Le manifeste porte également une violence artistique, jugée nécessaire pour débarrasser l’Italie de son art trop conservateur et du culte archéologique du passé. Le mouvement se veut dans le présent et tourné vers le futur. La violence se retrouve également dans une idée de guerre comme seule moyen de paix.

Le mouvement englobe la peinture, la sculpture, la poésie, le théâtre, la musique, l’architecture, le cinéma et la gastronomie.

En 1910, repéré par Filippo Tommaso Marinetti, le musicien Fransesco Balilla Pratella rejoint le mouvement futuriste et publie trois textes dans le manifeste futuriste de 1912 : « Musique futuriste » (1910), « La musique futuriste, manuel technique » (1911), « Destruction de la quadrature » (1912).

Il remet en cause le bien-fondé du système musical italien. Toujours dans un élan de modernité, il invite les jeunes musiciens à se détourner des conservatoires et parcours de formations classiques, et à se défaire de la musique « bien faite ». Selon lui, il faut abandonner les ballades et la musique sacrée et les chanteurs doivent être considérés comme n’importe quel membre d’un orchestre.

La naissance de la musique bruitiste

En réponse à ce manifeste, Luigi Russolo également proche du mouvement futuriste écrit en mars 1913 « L’art des bruits ». Dans son texte, il théorise l’utilisation des sons-bruits et prévoit l’émergence de sons nouveaux produits par des machines. Ce manifeste posera les bases de la musique bruitiste (ou noise) et servira d’inspiration à de nombreux musiciens et compositeurs bruitistes tout au long du XXe siècle et encore aujourd’hui.

Il invite par la suite des machines appelée « intonarumori », lui permettant de générer des bruits en contrôlant la longueur d’onde la dynamique et le volume. Il avait plusieurs variantes pour couvrir plus de spectre sonore.

(Enregistrements de 1924)


A ce jour toutes les versions originales de ces instruments ont été détruites pendant la seconde guerre mondiale mais des répliquées ont été fabriquées.

Il se produit en Italie 1914, et à Paris en 1921. Il pose les bases de ce que sera la musique concrète et bruitiste et est considéré comme le premier compositeur de noise.

Ces compositeurs italiens ont donné naissance à une nouvelle approche de la musique « bruitiste » qui influencera alors beaucoup d’artistes et musiciens expérimentaux. En particulier les français Varèze et le russe Mossolov.

Les grandes œuvres du mouvement futuriste italien ont été réalisée avant 1915. Par la suite, la première guerre mondiale et le rapprochement avec le fascisme ont mis en frein au rayonnement et à la crédibilité du mouvement dans les autres pays d’Europe.

Le mouvement futuriste italien peut donc être considéré comme précurseur de la musique bruitiste, en cela qu’il a ouvert la voie à une nouvelle forme d’expression musicale qui allait influencer les courants artistiques suivants, comme le dadaïsme, le surréalisme et le mouvement Fluxus.

Russolo, Carrà, Marinetti, Boccioni and Severini devant Le Figaro, Paris, 9 Février 1912

Russolo, Carrà, Marinetti, Boccioni and Severini devant Le Figaro, Paris, 9 Février 1912

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